Elle avait promis, promis de venir leur rendre visite, et une promesse c'est sacré. Alors elle était là, accompagnée de son fidèle valet, Robinn Quenec, qui faisait un peu tout à Pléhéneg, valet, palefrenier, cocher... il la suivait partout, comme un chien fidèle, comparaison qui, pour Anne-Solenn, était un compliment rare, les chiens ne sont-ils pas plus fidèles que les humains?
Agacée par ces pensées qui n'avaient rien à voir avec sa visite en ces lieux, la jeune femme secoua la tête et, refusant l'aide du vieil homme, mit prestement pied à terre. Laissant Robinn ranger la calèche et s'occuper des chevaux, elle s'avança vers un garde, qui la regardait avec curiosité, et déclara poliment, mais avec dans la voix une pointe d'autorité.
Demat, mon brave, pourriez-vous annoncer à vos maîtres que la comtesse de Pleheneg est arrivée?
Voyant que le cerbère de service ne régnait pas décoller son dos du mur auquel il semblait adhérer comme un sceau su un parchemin, Anne-Solenn toujours calmement, mais d'une voix aussi glaciale que le vent qui semblait vouloir lui arracher sa cape, déclara:
Dois-je m'annoncer moi-même, Garde, ou allez-vous vous décider à aller prévenir vos maîtres?
A contre coeur, mais sans un mot, le garde se redressa et, s'adressant à quelqu'un que la jeune femme ne voyait pas, ordonna:
Eh, moussaillon, va donc avertir les maîtres qu'y a de la visite.
Manifestemant épuisé par l'effort fourni, il se cala de nouveau contre le mur et sans plus s'occuper de la jeune femme, ferma les yeux. S'était-il endormi?